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Échos de la promenade maçonnique à Bruxelles.

«  Arrêtez la chasse au triangle »  par Roel Jacobs

ZWANZE et maçonnerie

Le cadre

Roel Jacobs met d’emblée les choses au point. Il ne s’agit pas de s’attarder à la signification de symboles maçonniques ésotériques d’ailleurs abusivement surinvestis par certains auteurs comme Paul de Saint-Hilaire et qui, selon Christian Vandermotten relèvent de la pure spéculation.

Le Parc Royal, la Grand-Place seraient chargés de symboles maçonniques ?
Gè geluuf da ?

La franc-maçonnerie n’est pas un groupe de pression, mais un espace de sociabilité sélectif d’échanges, de libre réflexion et de travail.
Il va sans dire que la franc-maçonnerie exerce évidemment son influence sur la société, mais ce essentiellement par le biais de l’action de ses membres.

Au lendemain de la révolution de 1830

La révolution de 183O a été portée par deux courants politiques : les libéraux progressistes et les catholiques conservateurs. La cohabitation s’organise sur base de la Constitution., la plus libérale d’Europe.

Si l’en est ainsi ce n’est pas parce qu’on est plus malin, mais parce qu’on a puisé à gauche à droite ce qu’il y avait de meilleur.

Naissance du parti libéral (1846)

Le PSC est créé en 1845. Excédés par l’influence du clergé dans la vie civile les libéraux s’organisent : création du parti libéral en s’appuyant sur les réseaux maçonniques.

La « gauche » est donc représentée par le parti libéral !

Naissance du parti socialiste

 

Les francs-maçons se divisent en progressistes (les plus jeunes) et doctrinaires. Les premiers portent leur intérêt sur la cause ouvrière et certains (César De Paepe) participent aux premiers mouvements populaires (la section belge de l’Internationale des travailleurs, la chambre du Travail, le parti ouvrier belge).

Bruxelles doit être la seule ville au monde où l’on trouve sur un même axe (la rue Joseph Stevens) une perspective qui va de Notre Dame de la Chapelle aux appartements de la classe aisée des libéraux vers le Sablon en passant par le 7 où se dressait la Maison du Peuple.

Architecture

Les architectes de la fin du XIXe :

  • Victor Horta (Art Nouveau), Maison du Peuple, maisons de maître (musée Horta, hôtel Solvay, hôtel Tassel), …
  • Joseph Poelart : Colonne et Palais de la place du Congrès, Caserne des Pompiers de la place du Jeu de Balle, Palais de Justice, Théâtre de la Monnaie), …
  • Paul Bonduelle : Temple maçonnique rue de Laeken, de style néo- égyptien)

ou plutôt style égyptisant Napoléon Ier et Champollion

  • Adolphe Samyn : Ecole Baron Steens, Ecole Charles Buls),
  • Henri Beyaert : aménagement du Square du Petit Sablon ; Maison des Chats),

mais celui-là n’était pas franc-maçon

La rénovation de la Grand-Place (Gruute Markt)

Témoignage de l’ésotérisme alchimique selon Paul de Saint-Hilaire.
Détruite par le bombardement de 1695, la Grand-Place est reconstruite plus belle qu’avant, mais elle est saccagée lors de la Révolution française. Une grande campagne de restauration a lieu à  la fin du XIXe siècle.

Le courant libéral et laïque se doit de démontrer que lui aussi, tout comme le courant catholique et conservateur, a un grand passé. C’est ce que font le bourgmestre Charles Buls et les édiles communaux.

Mais ce passé devait se conformer aux valeurs libérales. Or, quand il y a tension entre la politique et le passé, ce n’est jamais la politique que l’on corrige, mais toujours le passé.

 Les façades ne sont pas toujours le reflet exact des constructions d’après 1695,

mais Bruges n’est-elle pas la plus belle ville médiévale du XIXe ?

 

 

La « Maison du Roi » est un pastiche de la fin du XIXe. L’Archiduchesse Isabelle avait fait décorer le bâtiment en mauvais état d’une dédicace à Notre Dame de la Paix, ce qui ne plait pas trop aux restaurateurs libéraux. On remplace donc le bâtiment ancien par un nouveau d’où l’on fait disparaître les éléments décoratifs religieux remplacés par des éléments politiques.

La fontaine des comtes d’Egmont et de Hornes initialement placée devant la « Maison du Roi » à l’endroit de leur décapitation (ils n’auraient pas été statufiés s’ils n’avaient pas été décapités) a été déplacée (autre spécialité bruxelloise) au Petit Sablon quelques années plus tard.

 

La Maison de « l’Etoile » incendiée en 1795, reconstruite en pierre, puis démolie en 1852 sous prétexte d’élargir l’accès vers la place a été sauvée par Charles Buls qui la fait reconstruire sur arcades et colonnades permettant le passage des piétons. Sous les arcades se trouve la plaque commémorative à Charles Buls renvoyant à ses convictions philosophiques.

 

 

L’Hôtel de Ville

L’Hôtel de Ville a été construit sur la place du marché au XVe siècle. La place  a conservé sa fonction de marché jusqu’1959. Elle a servi de parking jusqu’en 1972 et fut définitivement interdite aux voitures en 1991.

Hôtel de Ville gothique

  • L’aile gauche et la base de la tour à la place de l’ancienne maison des échevins. (1401-1421).
  • L’aile droite (1444-1449)
  • La partie supérieure et la flèche (1449-1455). La tour n’a jamais servi de beffroi.

Le bombardement 1695 a endommagé l’Hôtel de Ville et détruit la Halle aux Draps située à l’arrière.

C’est là qu’au début du XVIIIe siècle sont édifiées les trois ailes de style classique qui forment la cour intérieure.

Les restaurations du XIXe siècle se font en vue de la célébration du bicentenaire de la réédification de la Grand Place. C’est à cette époque que sont réalisées la plupart des statues qui ornent la façade de l’Hôtel de Ville.

Il est à remarquer que l’aile située le long de la rue Charles Buls est mixte : elle combine une des trois ailes de style classique et le retour de l’Hôtel de Ville de style gothique.

Saint-Michel, patron de bruxelles

Copie de Saint Michel au sommet de la flèche

Statue de Saint Michel au musée de Bruxelles

 

 

La flèche de l’Hôtel de Ville est surmontée d’une statue de Saint Michel du XVe. Elle este est faite de plaques de métal agencées et non de dinanderie. Vue de près elle semble maladroite et mal proportionnée, mais ces déformations disparaissent quand elle est vue de la place. L’adage populaire dit :

«Elle est belle de loin mais loin d’être belle. »

Cathédrale Saint Michel

Eglise Saint Catherine

 

 
 
 
Les Saint Michel catholiques se trouvent dans les églises comme: la Basilique Saint Michel et Gudule ou l’église Sainte Catherine.

Karel Buls, rue de Rolebeek, actuellement 
Ecole H. Dachsbek

Fontaine Anspach

 

 

 

Mais d’autres Saint Michel sont moins catholiques et figurent eux sur des bâtiments « neutres », pour ne pas dire franchement laïques, voire proches de la franc-maçonnerie.

L’épée ou la croix sont remplacées par un flambeau ou une épée flamboyante

Urbanisme

Bruxelles entend affirmer sa vocation nouvelle de capitale d’un nouvel Etat jeune et ambitieux. La Senne et le cœur historique de la cité disparaissent au nom du progrès, de l’assainissement et de l’embellissement de la ville.

Aucune autre ville de Belgique n’a détruit autant de son passé que Bruxelles.

La Senne est voûtée et en surface une percée rectiligne, ponctuée de places (place Fontainas, place Anneessens, place de la Bourse, place De Brouckère) et de bâtiments parfois monumentaux (Palais du Midi, École modèle, Ecole communale n° 11 (Institut Cooremans), les Halles centrales (détruites pour un parking), la Bourse, Hôtel  Continental (à la place du Temple des Augustins), l’Hôtel des Postes (détruit), l’Hôtel Métropole,  la Maison des Chats) traverse la ville de part en part : Boulevard Maurice Lemonnier, puis boulevard Adolphe Anspach jusqu’à la place De Brouckère d’où partent le boulevard Adolphe Max et le boulevard Jacqmain. Cet axe Nord/Sud remplace l’axe Est/Ouest (on accédait au centre-ville par la rue de Flandre pratiquement inchangée, toujours étroite et pavée).

La fontaine Anspach qui se trouvait sur la place De Broukère a été déplacée dans la pièce d’eau du square des Blindés. L’obélisque est surmonté de la statue de Saint-Michel.

L’Equilibre de la fontaine placée sur des fonds vaseux est compromis.

Université libre de Bruxelles

En réaction au projet de l’épiscopat de Malines d’y fonder une université, sous l’impulsion d’Auguste Baron et Théodore Verhaegen, se crée l’Université libre de Belgique qui combattrait l’intolérance et les préjugés. Nicolas-Jean Rouppe lui trouve des locaux dans l’ancien Palais Charles-Alexandre de Lorraine puis l’ULB déménage dans le Palais de Granvelle. (Une plaque apposée par les étudiants rappelle cette implantation). La destruction du Palais entraîne le déplacement de l’Université au plateau du Solbosh en 1928, sur le plateau de l’exposition de 1910

« L’enseignement de l’Université a pour base le libre examen. » (Statuts organiques de l »ULB, 1894)

L’enseignement, un enjeu politique majeur

La Constitution de 1830 garantit la liberté de l’enseignement.

Mais les catholiques considèrent que le rôle de l’Etat doit se limiter à un rôle supplétif. Au contraire, les libéraux estiment que l’Etat se doit d’organiser un enseignement public et neutre. A la faveur d’une majorité à la Chambre en 1848 et mettant à profit la liberté de l’enseignement prévue dans la Constitution, Bruxelles met en place un  important réseau d’écoles primaires et crée en 1850 les premiers Athénées et Ecoles moyennes, premières Ecoles pour filles

Dans les Collèges communaux successifs les libéraux s’occupent toujours  de l’Instruction publique et créent en 1864 la Ligue de l’Enseignement.

Pierre Van Humbeek, « Pietje Van Humbeek, mon préféré, » libéral radical devient le premier « Ministre de l’Instruction publique ». La loi Van Humbeek de 1879 prévoit que chaque commune doit financer au moins une école officielle laïque et neutre.

Ce qui déclenche la première guerre scolaire.

Les écoles primaires de la Ville de Bruxelles

Pour contrecarrer la mainmise de l’église sur l’école, les libéraux décident de créer un enseignement officiel, laÏque et neutre développant les facultés intellectuelles et morales, et les forces du corps.
L’architecture est au service de ces idées.

 

 

 

L’exemple de l’Ecole Modèle, fondée par la Ligue de l’Enseignement inaugurée le 17 octobre 1875, servira justement de modèle à toutes les écoles primaires de la Ville et du pays.

L’architecture du bâtiment : autour d’un préau les concepteurs disposent les salles de classe sur deux niveaux,

Les préaux sont la plus importante réalisation architecturale du XIXe siècle (au total plusieurs hectares).

la position des classes par rapport à la lumière), le mobilier et particulièrement la forme des bancs, les sanitaires, le système de ventilation et de chauffage, tout est pensé, réfléchi et étudié jusque dans les moindres détails.

La pédagogie est innovante : laïcité affirmée, disciplines nouvelles (dessin, musique, géométrie, arithmétique, histoire, géographie, sciences), gymnastique, méthodes intuitives, importance de l’observation et de l’expérimentation, visites de musées, voyages scolaires.

L’Ecole Moderne  a pris le nom de Charles Buls

« Frappez, entrez, ‘t is voor Charel Buls » 

 

A ne pas lire:

A  lire:

Collectif

Christian Vandermotten et al.

Nous proposons en outre:

Qui est qui?

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G

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E

H

C

F

I

Charles Buls   Emile De Mot   Pierre Van Humbeek  
Charles De Brouckère   Auguste Baron   César De Paepe  
Jules Anspach   Théodore Verhaegen   Nicolas Rouppe