Colloque : la vidéo formation au centre des apprentissages
en Formation Initiale des Enseignants.
Le but de ce colloque est de croiser à la fois des recherches scientifiques et des expériences de terrain dans le domaine de la vidéo formation et l’apprentissage.
Au programme : des conférences, des ateliers pratiques suivis de débats articulés autour des thématiques comme l’utilisation des vidéos avec les élèves en milieu scolaire, avec les étudiants en formation initiale des enseignants, en stage et en accompagnement de stages.
Une journée d’échanges et de découvertes qui regroupera des invités du Québec, de la Suisse et la Belgique, pour actualiser ses propres connaissances.
- Comment et pourquoi améliorer ses performances dans l’utilisation et la production de vidéos ?
- Comment les rendre porteuses pour un projet d’apprentissage à l’école ou dans l’enseignement supérieur ?
Le partage d’expériences vécues ailleurs et des pistes d’actions seront également abordées pour mieux comprendre l’intérêt de connaître les enjeux et les défis dans le domaine de la vidéo et les apprentissages.
Quelques Echos
Accompagner la démarche réflexive de stagiaires en enseignement à l’aide de la vidéo 360°
L’atelier était animé par Matthieu Petit de l’Université de Sherbrooke – Canada
Il a commencé par différencier accompagnement et supervision.
Il a énuméré six paramètres à considérer dans une démarche réflexive : la visée, le contexte, le moment, l’objet, la complexité et le processus.
Nous avons eu l’occasion de visionner des vidéos 360°, aucun angle mort. Cette technique rend particulièrement bien compte de la complexité d’une situation scolaire : la stagiaire et ses déplacements dans la classe, la participation, ou non, des élèves, …
Le stagiaire choisit une séquence de 5 min qu’il envoie à son enseignant et un échange s’engage.
D’autres situations intéressantes ont été proposées comme l’enregistrement du stagiaire qui se projette dans l’activité qu’il va donner à des élèves, il décrit des comportements d’élèves auxquels il s’attend, de même, un questionnaire prépare l’enseignement-accompagnateur à l’observation qu’il va faire dans la classe du stagiaire.
Un SPOC s’adresse aux formateurs en nombre restreint.
Le SPOC (Small Private Online Course), connu en français sous le nom de «cours en ligne en petit groupe » est un type de formation en ligne.
Comment réussir une supervision de stage à distance
avec (ou sans) la vidéo ?
Conférence présentée par Matthieu Petit (Université de Sherbrooke-Canada)
Le propos était d’envisager l’accompagnement de stagiaires à distance. Au Canada, en effet, on encourage les stagiaires d’aller prester dans leur lieu d’origine. C’est quand les lieux de stages sont éloignés que la vidéo prend toute sa place. Certains pourraient argumenter que le présentiel est irremplaçable mais Matthieu Petit a énuméré alors une série de présences : « présence à distance », présence apprenante », « présence transactionnelle », ….
Productions audiovisuelles à des fins d’apprentissages dans une Haute école pédagogique.
Conférence donnée par Florence Quinche de la Haute École pédagogique du Canton de Vaud Suisse
Elle nous a présenté une très grande variété de créations et d’utilisations de capsules vidéo de productions audiovisuelles et de podcasts produits pour la formation des enseignants primaires et secondaires.
En aparté, Florence Quinche, nous décrivait une initiative particulièrement porteuse. Un groupe d’enseignants débutants rejoints par des enseignants plus expérimentés a été mis sur pied afin de soutenir les plus jeunes dans un métier difficile. Au cours des réunions, les enseignants échangeaient, collaboraient, créaient des jeux ensemble, se les échangeaient, … Une organisation qui avait pour but de limiter la fuite de près d’un tiers des enseignants au cours des cinq années premières années de travail (métro, journal du même jour). L’une des débutantes a même affirmé que sans ces réunions, elle n’aurait pas eu le courage de continuer.
Une initiative qui ne sollicite pas un très gros budget mais qui exige que les employeurs, le pouvoir organisateur, accepte la présence de la Haute École au côté de leurs employés.
Utiliser la vidéo pédagogique ou utiliser pédagogiquement la vidéo ?
Panorama des possibilités.
Jonathan Rappe, chercheur et formateur de l’Université de Liège. Un questionnaire avait préalablement été adressé aux participants. Jonathan Rappe avait repris les avantages de la vidéo notés par les participants interrogés. Il commence par mettre en garde à propos du pouvoir attractif de la vidéo. C’est le type de tâche qui est déterminant dans la motivation et pas seulement l’oubli.
L’atelier de Nicolas Roland (Université Libre de Bruxelles – Belgique) a abordé les 10 principes de Meyer pour concevoir une vidéo pédagogique efficace. En 2018, il crée Caféine.Studio, un studio d’innovation pédagogique éclectique et de co-conception d’expériences d’apprentissage. Une vidéo permet-elle de capter l’attention ? Il semblerait qu’une vidéo efficace ne doive pas dépasser 6 min.
Panorama des usages possibles d’une vidéo et de la plus-value qu’elle apporte
Mémorisation : Plus-value du recours à la vidéo : clarté, supplantation (par exemple un schéma qui se construit progressivement)
Compréhension (très liée à la mémorisation): Plus–value du recours à la vidéo : clarté, supplantation, diffusion de scènes, phénomènes réels, impossible à visionner autrement, informations longues
Mise en action : montrer et faire exécuter : Plus-value du recours à la vidéo : clarté, supplantation, exemple réel de réalisation de la tâche, permet une comparaison à l’ensemble des aspects de la tâche/du geste, accélération, ralenti, arrêt,
Analyse : décrire, identifier : Plus-value du recours à la vidéo : présentation de situations réelles
Positionnement : juger, critiquer: Plus-value du recours à la vidéo ; visionnage autant de fois que nécessaire, enrichir la vidéo avec des mises en évidence, visionnage réel de sa propre performance ou de celle d’un pair,
Création : produire une vidéo: Plus-value du recours à la vidéo : amène un niveau de maîtrise plus élevé des notions à expliquer, production ouverte, créative, selon les idées de l’apprenant, travail collaboratif,
Un usage professionnalisant de la vidéo
Il s’agit de préparer à l’exercice d’un métier, donc, de proposer des activités de travail.
Qu’est-ce qu’une activité de travail ?
- Une action fondée sur des connaissances et des représentations relatives à la situation de travail
- Il ne suffit pas d’avoir des connaissances sur son métier ou sa discipline mais elles doivent guider la représentation de sa situation de travail et l’action.
Trois grands principes
- Utiliser des situations réelles ou simulées de travail
- Aider les étudiants à conceptualiser l’action et la relier à des connaissances
- Organiser des échanges entre pairs
Nous avons regardé une vidéo où Romain, jeune stagiaire assiste à l’entrée en classe d’une vingtaine d’ados.
Mise en place d’une plate-forme numérique de partage de pratiques en FIE, section préscolaire, ses enjeux et défis
Nedjelka Candina, Isabelle Gérard, Haute École Francisco Ferrer, Belgique
IMAG’iN est une plateforme numérique de partage de pratiques pédagogiques en formation initiale des enseignants. Des activités sont réalisées au sein des écoles de l’enseignement obligatoire bruxelloises et même en Haute École. Des acteurs désireux de participer à l’amélioration de l’éducation à l’école sont au cœur du projet : instituteurs, formateurs en formation initiale, élèves, directeurs d’école, chercheurs et familles, sont réunis dans un espace virtuel de parole, d’observation et d’apprentissage autour des thèmes comme les activités d’apprentissage, l’interdisciplinarité, les pédagogies actives, exploitation d’un thème à l’école, l’approche bienveillante, des activités pour favoriser l’intégration des populations précarisées… Les thématiques des vidéos ainsi que les focus d’analyse sont dynamiques et sont le reflet des enjeux en éducation et de l’actualité scientifique en pédagogie et en didactique
Quelques considérations suite à cette journée de réflexion
Une programmation des activités pour les stagiaires
Nous pensons qu’il est primordial de commencer la formation en se centrant sur chaque stagiaire. De travailler son image avec lui. L’autoscopie date des années 70, il n’empêche que les vertus de cette activité sont indéniables. La situation proposée au stagiaire est : « Tu proposes l’activité que tu souhaites à environ 5 élèves durant 5 min. » L’enseignant-accompagnateur filme le stagiaire uniquement. La bande est et reste la propriété du stagiaire. Immédiatement après la séance le stagiaire et l’enseignant visionnent la prestation suivie par un entretien non-directif. L’entretien se termine par la question : « Es-tu d’accord de travailler avec l’image que tu renvoies ? »
Les premiers essais devraient être eux aussi individualisés. Comme le proposait Matthieu Petit, le stagiaire choisit un passage de 5 min d’une activité qui est analysée avec l’accompagnateur en partant des éléments que le stagiaire apporte. Il parlait aussi de partir des « talents » des stagiaires.
Il s’agit dans un premier temps de différencier les approches. Progressivement le groupe participe à cette analyse, l’enrichit.
Parallèlement à ces essais, des activités sont mises en place afin de créer un groupe qui deviendra formateur et d’installer un climat de confiance, une communauté d’apprentissage ou l’erreur est considérée comme source de progrès.
Après quoi, des séquences ciblées d’autres stagiaires pourraient être visionnées et analysées comme le proposait Jonathan Rappe (Liège) : un usage professionnalisant de la vidéo.
Les échanges autour d’une vidéo
La manière d’initier et de mener les échanges entre le stagiaire et l’enseignant-accompagnateur sont essentiels. Surtout au tout début de la formation, l’entretien ne devrait contenir aucune évaluation, aucun jugement de valeur de la part de l’enseignant et ne devrait pas être intrusif par un questionnement pointu. Il doit surtout proposer une écoute bienveillance afin de laisser toute sa place au stagiaire.
L’attention
Il semble que les experts s’accordent pour recourir à des vidéos de 5 ou 6 min maximum. D’accord mais on ne peut que s’inquiéter du taux d’attention des étudiants. Le risque de renforcer les comportements d’une génération « tout, tout de suite » existe. D’autres activités devraient alors être programmées afin d’exercer l’attention sur une vidéo et tout autre support durant 1h/1h30.